INTERVIEW AVEC...

Publié le par Christophe D.

Caglar Cakiralp

Entrevue avec le premier secrétaire de la délégation permanente de la Turquie auprès de l’Union Européenne. La Turquie veut intégrer l’Union Européenne mais à n’importe quel prix ?

C.D. : Première question, que pensez-vous de l’ultimatum de la présidence finlandaise sur la question chypriote?

Mr. Caglar Cakiralp : Ce n’est pas un ultimatum. Entre nous et l’Union Européenne, il y a une relation basée sur l’égalité. L’UE n’a pas à poser d’ultimatum.

C.D. : Mais il s’agit bien d’un ultimatum, qui laisse à la Turquie jusqu’au 6 décembre pour agir.

C.C. : Ca partait sans doute d’une bonne intention mais c’est une question très ancienne, qui doit être réglée sous les auspices de l’O.N.U.

C.D. : Comment la Turquie va-t-elle réagir à cette déclaration de la présidence finlandaise ?

C.C. : Elle ne la rejette pas. Il faut arriver à une solution durable et équitable. C’est un pas positif vers la solution finale.

C.D. : Quel serait l’intérêt de l’adhésion de la Turquie pour l’UE ?

C.C. : L’UE est un géant économique mais pas politique ni militaire. La Turquie apporterait un marché supplémentaire de 70 millions d’habitants et un allié dans la lutte pour l’énergie. Militairement c’est la deuxième puissance de l’OTAN et elle permettrait de montrer que l’UE n’est pas un club chrétien. Ce serait un pont entre la civilisation occidentale et musulmane, l’occasion de montrer qu’il n’y a pas de clash des civilisations.

C.D. : En voyant l’attitude de la Turquie dans le processus de négociation, on a l’impression que le rapport de force est égal entre les deux parties. La Turquie est pourtant en position de demande. Dés lors, comment expliquez-vous cette attitude ?

« Alors, on ne va pas adhérer. C’est pas la fin du monde ! »

C.C. : En effet, la Turquie est demandeuse et le rapport d’égalité n’est pas total. La Turquie veut rentrer dans un jeu et accepte les règles du jeu. Elle accepte l’acquis communautaire et l’harmonisation juridique demandées comme pré requis à une adhésion. Mais elle doit être traitée comme les autres pays. L’UE ne doit pas changer les règles du jeu au milieu du jeu. Elle doit être honnête, juste et ouverte.

C.D. : La Turquie est considéré comme un pays où le sentiment nationaliste est très fort. Pensez-vous que ce nationalisme puisse être intégré dans l’UE ?

C.C. : Premièrement, le nationalisme en Europe est souvent assimilable à du racisme. En Turquie, ce n’est pas le cas. C’est un nationalisme différent, pacifique. On aime notre pays mais on ne rejette pas l’autre. Deuxièmement, la Turquie n’a aucun problème pour partager une partie de sa souveraineté avec l’UE parce que les deux parties sont gagnantes. Notre sentiment nationaliste est donc tout à fait intégrable dans l’UE.

I. : Envisagez-vous que pour des sujets comme la demande de reconnaissance du génocide arménien, la Turquie ne puisse adhérer à l’UE ?

C.C. : La Turquie ne va pas tout accepter. S’il y a un réel blocage à ce niveau-là, alors, on ne va pas adhérer. C’est pas la fin du monde !

Christophe Devriendt

Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article